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journée du 8mars et violences sexuelles et sexistes Déclaration en FS

14/03/2024 par Formation spécialisée SST CT Creteil

Déclaration à la FS-A du lundi 11 mars 2024 des élues FSU et CGT Educ’action,

(référente et adjointe VDHA pour les personnels de l’Académie de Créteil)

Vendredi 8 mars, journée internationale de lutte pour les droits des femmes, la France a solennellement scellé l'entrée dans la Constitution du droit des femmes à disposer de leur corps en inscrivant dans la Constitution la liberté garantie d'accès à l'avortement. Nous voulons dire ici notre joie, notre soulagement et la conscience du chemin parcouru par des générations de femmes, célèbres et anonymes et les hommes qui se sont tenus à leurs côtés en compagnons de lutte. Car c'est bien NOTRE victoire, de celles que l'on gagne de haute lutte qui s'est incarnée lors du vote du Congrès du lundi 4 mars 2024.

 

Mais cette lutte est loin d'être achevée : d'abord parce que tant qu'une femme dans le Monde sera privée de ce droit fondamental nous n'en aurons pas fini, ensuite parce que dans notre pays aussi la lutte continue pour l'accès effectif à ce droit alors qu'entre l'année 2000 et aujourd'hui, 35,6% des maternités ont fermé dont beaucoup de "petites" maternités avec des services d'orthogénie qui permettaient aux femmes de réaliser les IVG et que la crise de l'hôpital et de la santé publique ne cesse de menacer l'accès à ce droit, notamment dans certains territoires.

 

Mais enfin, et comme nous le savons depuis trop longtemps, les droits des femmes seront toujours fragiles et beaucoup sont encore à gagner. L'égalité professionnelle en est un, l'égalité salariale en étant un aspect important.

Et de fait, ces disparités salariales sont importantes :

Dans la fonction publique, dans laquelle l'Egalité est inscrite comme une valeur cardinale, où l'équité devrait être un principe fondamental et les grilles indiciaires protéger de potentielles disparités, les réalités sont tout autres :

  • à travail égal, les femmes gagnent en moyenne 12,3% de moins que leurs homologues masculins. Cette disparité grimpe à 19 % lorsqu'on prend en compte les temps partiels.
  • Dans le premier degré public, les données sont tout aussi troublantes : le salaire net moyen des hommes PE dépasse celui des femmes de 9%
  • L'écart des primes entre les sexes est saisissant : il s’élève à 25%

Ces disparités ne se limitent pas à une tranche d'âge spécifique. Au contraire, dans la fonction publique, elles s'aggravent au fil de la carrière :

  • Les moins de 30 ans subissent un écart de rémunération de 0,8 %.
  • Pour les 30-40 ans, cet écart monte à 7,3 %.
  • Les travailleuses âgées de 40 à 50 ans subissent une différence de 11,5 %.
  • Enfin, pour les 50-60 ans, l'écart atteint un sommet de 13,9 %.

A l'heure de la retraite, les inégalités sont amplifiées, avec des pensions nettement inférieures pour les femmes : une PE qui aurait cotisé uniquement à l’Education nationale partant à la retraite touchera 149 € de moins qu’un PE (218 € d’écart en cas de plusieurs pensions)…

 

L'heure n'est plus aux déclarations d'intentions : toute décision prise par le Ministère qui ne prendra pas en compte le poids énorme des femmes dans les effectifs (ce qui implique de prendre en compte leurs obligations personnelles et l'ensemble des tâches concrètes comme mentales qui leur incombent majoritairement) sera à mettre au crédit de l'attaque de l'égalité HF!

C'est pourquoi nous avons déjà dénoncé les HS dans le secondaire et que nous dénonçons le PACTE. Nous nous inquiétons particulièrement des éléments de discours du Président Macron comme du Premier Ministre concernant le salaire au mérite : toute proposition qui ira dans ce sens sera une déclaration de mépris de la prise en compte de la réalité des femmes dans nos effectifs ministériels. On ne peut pas défendre l'égalité, faire de grands discours la main sur le coeur et prendre des décisions qui structurellement vont à l'encontre de ces valeurs. C'est comme défendre le bilan sur l'égalité HF et la lutte contre les violences faites aux femmes en défendant Gérard Depardieu ou un jour appeler au "réarmement démographique de la France" posant ce faisant le corps des femmes non seulement comme un incubateur mais comme appartenant à la société toute entière : indécent, révoltant, incohérent et impossible :-)))

L'autre sujet qui nous anime est le recueil, le traitement et la prévention des VDHA.

Si les violences, discriminations, harcèlement et agissements sexistes et sexuels concernent l'ensemble de la population (comme en témoigne le hashtag #meetoogarçons) la proportion de femmes dans nos effectifs induit un poids important d'atteintes à leurs droits et leur dignité.

Nous parlerons aujourd'hui plus particulièrement des VSS, une réunion spécifique sur la question du Handicap étant en programmation avec la DRRH adjointe Mme Charles.

En tant que Référentes VDHA, nous constatons à la fois la mobilisation du DRRH et ses adjointes sur le sujet et la temporalité "dissonante" de l'administration avec les travaux et les décisions que nous prenons ici. En effet, bien que nous ayons voté en FS et CSA le décret et la circulaire instaurant le dispositif de recueil et traitement des VDHA, celle-ci n'est toujours pas opérationnelle.

La mise en place avance mais nous attendons depuis tellement longtemps ce "guichet unique" que le moindre délai nous consterne, même si nous pouvons comprendre vos obligations (recrutement, installation etc.).

Quels moyens spécifiques le Ministère met à votre disposition pour la mise en oeuvre de cette obligation nécessaire?

Au-delà, que nous apprennent les différentes situations "VSS" que nous avons à traiter, vous l'administration et les OS?

  • Rien de plus que ce que nous pouvons apprendre au-delà de notre milieu professionnel : non, les auteurs (plus rarement autrices) de violences sexistes et sexuelles ne sont pas des monstres mais nos collègues!
  • rien de moins : non, nous ne sommes pas à l'abri, y compris dans le milieu de l'éducation nationale (et cela peut être particulièrement glaçant) mais OUI il y a un continuum des violences et nous devons/pouvons nous saisir des "signaux" faibles ou moins faibles pour tout mettre en oeuvre pour faire cesser ces violences et apporter soutien aux victimes et aide aux agresseurs. L'engrenage de la violence n'est pas une fatalité mais nous devons cesser de nous cacher derrière des pudeurs d'un autre âge et des peurs administratives : mettre un "stop" à l'auteur d'un agissement sexiste peut permettre de l'empêcher de passer à des actes plus répréhensibles. Nous sommes tou.tes agent.es du service public, nous croyons à la Loi, à la force du règlement et de la sanction pour évoluer, progresser avec l'aide nécessaire.

C'est à un changement de paradigme dans le traitement de ces situations dont nous avons besoin et que nous appelons de nos voeux ! Notamment sur l'utilisation des mesures conservatoires : elles ne mettent pas en cause le "fond" des dossiers mais permettent de sécuriser les personnels qui signalent des violences/agressions/agissements sexistes et sexuels.

Nous avons également à apprendre à ne pas relativiser les situations en fonction de signaux jugés "équivoques" de la part de plaignantes que ce soit sur leur tenue, leur attitude, ou tout autre élément habituellement utilisé contre les victimes alors que dans n'importe quel autre dossier on n'enquêterait pas sur la personne qui signale mais évidemment sur la personne mise en cause.

Les plaintes ou menaces de plainte pour diffamation sont l'usage des agresseurs. N'en ayons pas peur!

Accordons notre confiance aux victimes qui osent témoigner, parler, saisir leur employeur. N'ayons pas peur de leur dire :

" Je te crois

tu as bien fait de m'en parler

il/elle n'a pas le droit de faire ça, tu n'y es pour rien : iel n'a pas le droit de te faire ça la Loi est de ton côté"

 

et surtout :

JE PEUX ET JE VAIS T'AIDER

 

 

 

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